Cet anime sorti fin 2012 et produit par le studio d’animation Production I.G (Ghost in the Shell, Ghost Hound…) est considéré comme le meilleur de 2012. Il est composé de 22 épisodes sur un scénario original de Gen Urobuchi, scénariste entre autres de Fate/Zero (ligth novel et anime), Requiem for the Phantom et Puella Magi Madoka Magica.

"Psycho-Pass"

Psycho-Pass (サイコパス) nous entraîne au XXIIème siècle dans un Japon technologiquement très avancé et refermé sur lui-même. Il est possible de mesurer instantanément l’état mental d’une personne et la probabilité qu’elle commette des crimes grâce à un dispositif installé sur le corps appelé Psycho-Pass.
Cette probabilité est mesurée par le niveau du Coefficient de Criminalité. Cette mesure est réalisée par une IA nommée Sibyl.
En fonction de ce niveau les individus sont soit appréhendés et forcés de suivre une thérapie dans l’espoir de faire baisser ce coefficient, soit exécutés sans sommation si le niveau est trop haut.
Cette tâche incombe à des divisions de la Sécurité Publique composées d’Inspecteurs et d’Exécuteurs. Ces derniers sont des criminels latents (leur coefficient de criminalité est trop élevé et ne redescendra pas) mais Sibyl a jugé que leurs capacités pouvaient être utiles au forces de l’ordre, ils sont en quelque sorte en sursis. Les Inspecteurs quant à eux s’assurent que les Exécuteurs exercent leurs fonctions dans les limites qui leurs sont imposées.
Pour accomplir leur devoir ces membres utilisent une arme spéciale polymorphe nommée Dominator, conçue pour tirer uniquement sur les personnes ayant un coefficient de criminalité plus élevé que la normale. Cette arme possède deux modes, léthal et non léthal.

Dominator

Attention, cette partie contient des spoilers, rendez-vous sous l’image d’Akane pour les éviter.

Si les premiers épisodes posent les bases de l’univers, l’intrigue principale arrive rapidement et nous entraîne dans un thriller très sombre qui ne laisse que très peu de place à l’espoir.
On comprend vite que le monde idéal qui nous est montré regorge en fait d’inégalités et se rapproche plus du totalitarisme qu’autre chose. Les hommes ont plus ou moins perdu toute forme de liberté, tout est administré par Sibyl, ils ne choisissent pas quelles activités ils feront, Sibyl analyse ce qui est « le mieux pour eux ». Même les loisirs, tel que la musique, doivent recevoir une approbation sous peine d’être déclarés illégaux. L’axiome étant que chacun semble avoir un destin auquel il ne peut échapper.
Le plus génant bien sûr, c’est ce système qui permet de juger les personnes non plus sur des actes mais sur un quelconque coefficient calculé par un ordinateur, ce qui n’est pas sans rappeler le très bon Minority Report, dont l’auteur original Philip K. Dick. est cité à plusieurs reprises.

"Screenshot"

L’histoire suit Akane Tsunemori, nouvelle inspectrice de 20 ans assignée à l’unité 1. Elle est très naïve et l’archétype même du citoyen modèle, ayant obtenu les plus hauts scores pour décrocher un emploi dans le secteur publique comme privé, elle intègre finalement la police car personne d’autre n’a obtenu un score aussi élevé qu’elle pour ce poste.
Tout bascule cependant lorsque Akane, confrontée à l’antagoniste, assiste impuissante à l’éxecution de son amie. Elle est incapable d’intervenir car le fameux coefficient de criminalité du criminel est nul, donc son Dominator ne s’active pas.
Dès lors Sibyl commence à être remis en cause puisqu’il est supposé être infaillible. Mais il apparaît capable de s’auto-réguler et de s’améliorer en mettant néamoins à mal la morale bien pensante au profit du bonheur de la société. La question ici est donc de savoir si la fin justifie les moyens.
L’apogée de l’action repose sur le match mortel qui oppose Kôgami à Makishima, l’antagoniste. Le fond de ce duel repose sur l’éternel interrogation : Le héros perturbé est-il si différent du méchant calculateur qui se révolte contre le système ? Là aussi, Akane se révèle être une pièce maîtresse en voulant interrompre l’inexorable duel, malgré son attirance pour l’un et son aversion pour l’autre.
Le dénouement est dans la lignée de l’intrigue et s’avère très intéressant mais ne sera pas du goût de tout le monde. Les plus pessimistes verront sans doute une défaite totale tandis que les autres y verront peut-être le début de l’effondrement d’un système trop injuste.

Akane Tsunemori

D’un point de vu technique Psycho-Pass est excellent, c’est beau, l’animation est fluide, l’ambiance du thriller noir psychologique y est retranscrite à la perfection, bref Production I.G confirme une fois de plus sa très grande maîtrise dans ce domaine.
Pour ce qui est de la bande son elle colle très bien à l’univers de la série et les quelques ponctuations de l’Ode à la joie de Beethoven sont du plus bel effet, toutefois cette B.O ne rentrera pas non plus au panthéon des meilleurs musiques d’animes.

Psycho-Pass est assurément une œuvre dystopique très bien réussie que je conseille à tous les amateurs du genre. Le monde et l’horreur dépeints arrivent avec brio à mettre le spectateur mal à l’aise et l’invite à se poser de nombreuses questions.